Vieux ? moi, jamais !

Patrick Lefèbvre nous livre ses réflexions sur la vieillesse et la façon de l’aborder de manière positive … Extraits de L’Avenir – 55 ans et +

Quand les banques sont des robots …

Les banques sont occupées à réduire drastiquement leur nombre d’agences. Apparemment, ces dernières ne sont plus nécessaires puisque les automates peuvent faire le travail et que les utilisateurs utilisent de plus en plus les applications en ligne. Oui mais quand un problème survient…

Je reçois ce mercredi un message selon lequel j’ai signé une domiciliation bancaire pour un montant mensuel de plus de 300 euros. Or, je n’ai jamais rien signé de tel ! Appel à l’agence : « On n’a plus accès aux domiciliations de nos clients, il faut appeler le service clientèle ». Ce que je fais illico. Une douce voix robotisée me répond : « Voor nederlands, druk een… », ensuite « pour une opération privée, tapez 1, pour une opération professionnelle, tapez 2 ». Je sélectionne la seconde option. Musique d’attente durant 9 minutes (!) avant qu’une opératrice ne prenne la communication. « Par téléphone, nous devons nous assurer de votre identité. Veuillez nous communiquer votre numéro de compte. OK. Votre identifiant auprès de notre banque. OK. Votre date de naissance, lieu de naissance, adresse complète,… » Tout va bien je suis enfin reconnu comme titulaire du compte. « En quoi puis-je vous aider ? » J’explique mon problème. « Monsieur, dans votre application, vous pouvez supprimer cette domiciliation. » Eh bien non ! L’option n’existe pas.

Discussion pendant de longues minutes au cours desquelles j’ai vraiment l’impression qu’on me prend pour un taré. Et puis la dame se rend compte que j’utilise l’application pour les activités professionnelles (j’avais pourtant tapé 2 au départ…) et me dit que je suis dans le service réservé aux activités privées. Elle transfère mon appel au service adéquat. 11 minutes d’attente (!) et j’abandonne.

J’appelle alors un copain responsable d’une agence. Il me règle ça en quelques secondes et conclut : « C’est le problème chez nous : si tu ne connais pas quelqu’un au sein de l’entreprise, c’est la croix et la bannière pour résoudre un problème qui sort un peu de l’ordinaire ». Vous avez dit service à la clientèle ? Sur le coup, oui, j’avais de la chance d’avoir un copain dans la place.

Mais je pense à toutes ces personnes qui ne sont pas spécialement à l’aise avec l’informatique et pour lesquelles se rendre dans une agence devient de plus en plus un parcours du combattant!
5 juin 2022
Entre nous : Le plus important des trésors
par Patrick Lefèbvre

Je suis sidéré parfois à la lecture de certains commentaires lorsque j’interviens sur les réseaux sociaux. Régulièrement, on me taxe de « vieux » parce que j’émets un avis différent de la majorité. On me dit que je suis d’une autre époque, que les temps ont changé, que je dois m’adapter. Surpris aussi quand j’entends mes nièces, par exemple, parler de quelqu’un en le disant vieux parce qu’il dépasse la soixantaine d’années.

Mais on n’est plus vieux maintenant à 60 ou 70 ans. À cet âge-là, on peut se permettre encore de rêver, de faire des projets (certes à plus court terme…). Les enfants sont casés (en principe…) et on peut profiter de plus en plus de ses temps de loisirs, s’investir plus dans une passion, bref profiter de la vie.  

Et, ce qui dérange parfois les plus jeunes, c’est que quand on dépasse la cinquantaine, le regard devient différent, on devient généralement plus posé, on tente de mieux comprendre les choses, on parvient à relativiser,  tout ça parce qu’on profite d’une chose que les « jeunes » ne posséderont jamais :

Notre expérience de la vie, acquise au fil des années. Et ça, c’est le plus important des trésors.
L’Avenir | 55 ans et + – 22 mai 2022
Entre nous : le travail, y a pas que ça dans la vie !
par Patrick Lefèbvre
Début de semaine, un voisin s’en est allé, comme il l’avait lui-même décidé. A 68 ans… La vie ne pouvait plus rien lui apporter disait-il.

Tout jeune, juste après ses études, il était entré dans une grosse société, comme employé administratif. Il a travaillé sans cesse, se dévouant corps et âme à cette entreprise qui était devenue sa seule famille. A force de travail, de cours du soir, de formations diverses, il a gravi tous les échelons de la hiérarchie jusqu’à se retrouver responsable de plus de 300 personnes. Pour lui, rien d’autre ne comptait que le travail. Il n’a pratiquement jamais pris de congés de maladie. Chaque année, il laissait tomber de nombreux jours de congé et sa phrase favorite c’était : quand on fait un travail qu’on aime, on ne travaille pas vraiment. Exception faite pour la philatélie, il n’avait aucune passion, aucun loisir. Travail, toujours travail…

A 65 ans, on lui a fait comprendre qu’il devait prendre sa pension, pour laisser la place aux jeunes. Le jour de la réception organisée pour fêter son départ, il a pris la première vraie cuite depuis au moins 40 ans !

Le lendemain, il s’est installé dans son fauteuil préféré, tout perdu, ne sachant que faire de ses heures de liberté auxquelles il n’avait jamais pensé. Sa vie s’est alors déroulée, monotone, sans surprises, entre la télévision et l’observation passive de son quartier à travers la vitre. Après presque trois ans à végéter, il a choisi de s’en aller.

Heureusement, ce genre de personnage est assez rare. Mais malgré tout, ceux qui n’ont rien prévu pour l’après vie professionnelle sont assez nombreux. Combien sont-ils à ne pas se rendre compte que la fin d’une vie de boulot n’est en fait que le début d’une nouvelle ? Le passage à la pension, ça se prépare. Longtemps à l’avance.

Et surtout, le travail, il n’y a pas que ça dans la vie ! Pensez-y !
L’Avenir | 55 ans et + – 29 mai 2022